L’impact des Jeux Olympiques sur le nombre de licenciés en France, mythe ou réalité ?

Grâce à la reprise du  sport associatif en cette fin de saison 2020/2021, l'enthousiasme est de retour chez les dirigeants de fédérations.

Leur enthousiasme provient de la reprise des événements mais aussi des perspectives d'espoir. L’avenir peut en effet apparaître plus radieux si  une nette augmentation du nombre de licenciés dans les clubs s’opère. Les licenciés pourraient revenir grâce à la belle exposition médiatique des grands événements internationaux qui ont lieu cet été : Roland-Garros, Euro 2021, Tour de France ou encore les Jeux Olympiques de Tokyo.

Les Jeux Olympiques de Tokyo sont l’occasion pour certaines fédérations de mettre en avant leur(s) sport(s) et espérer attirer de nouveaux licenciés. Si l’effet Coupe du Monde de football se démontre à chaque édition, y a t-il un effet Jeux Olympiques ? Si oui, quelles sont les fédérations qui jouent gros cet été ?

insepLes Jeux Olympiques et l’augmentation du nombre de licenciés, ce n’est pas automatique

Avec plus de 700 heures d’antenne sur le service public, l’exposition des Jeux Olympiques ne trouve son égal nulle part ailleurs. Pourtant depuis 2000, seules 1⁄3 des fédérations concernées par les Jeux Olympiques d’été enregistrent un impact très positif la même année soit une variation supérieure à 1% par rapport à la moyenne de l’évolution du nombre de licenciés des 3 années précédentes. Pire, elles sont près de 50% à enregistrer une variation à la baisse de plus de 1% l’année des Jeux Olympiques.

À noter que contrairement aux idées reçues, la tendance reste la même selon la taille de la fédération.


À noter que contrairement aux idées reçues, la tendance reste la même selon la taille de la fédération. 

natation-1L’année des Jeux Olympiques, la natation nage dans le bonheur tandis que le taekwondo prend un coup

Bien que la hausse du nombre de licenciés lors d’une année olympique ne soit pas automatique, certaines fédérations en ont fait une spécialité. 

Avec une augmentation du nombre de licenciés de près de 5% lors d’une année olympique contre 2% en temps normal, la natation se place comme LA fédération bénéficiant de l’exposition des Jeux Olympiques. Des champions comme la fratrie Manaudou, Alain Bernard, Camille Muffat ou encore Yannick Agnel sont, nul doute, des exemples pour les nageurs en herbe. La natation n’a même pas été pénalisée et a toujours eu le vent en poupe malgré le manque de médaille d’or après les Jeux Olympiques de Rio en 2016 : elle a connu une hausse de plus de 5% de licenciés cette année-là. 

Si la natation semble imperméable aux soubresauts des résultats sportifs, l’athlétisme vit quant à lui, au rythme de son actualité. En 2004, l’affaire de dopage des athlètes grecques Kenteris et Thanou couplée aux deux médailles de bronze françaises a fait subir une perte de licenciés de près de 3% tandis que la tendance pré-olympiade était à la hausse, plus de 3%. 

L’athlétisme a toujours rayonné l'année des Jeux en améliorant son nombre de licenciés et en faisant mieux que la tendance pré-événement. L’émergence de têtes d’affiches nationales comme Renaud Lavillenie, Mahiedine Mekhissi ou Christophe Lemaitre et bien sûr la superstar mondiale Usain Bolt ont su donner un nouveau souffle à la discipline, magnifiée par les Jeux Olympiques.

Plus étonnant encore, des fédérations très associées aux Jeux comme le canoë-kayak ou bien le taekwondo perdent des licenciés chaque année olympique malgré des performances régulières et des champions nationaux marquants : Tony Estanguet ou Gwladys Epangue. Historiquement, le tir à l’arc, l’aviron et l’escrime sont aussi des fédérations pour qui l’année des Jeux Olympiques rime rarement avec amélioration de la courbe du nombre de licenciés et ceux quels que soient les résultats.

athlétismeQui sera au rebond de la crise sanitaire ?

Dans le cas où les restrictions liées à la crise sanitaire permettent la reprise du sport le plus libre possible, toutes les fédérations peuvent espérer voir leur nombre de licenciés augmenter sensiblement. Toutefois, après étude des données historiques, de l’actualité de la discipline et des prévisions des médailles, certains sports peuvent espérer un meilleur rebond que d’autres.

L’athlétisme peut s’attendre à un boum de licenciés en septembre. Sa pratique du sport en extérieur couplée à la dynamique de champions français emblématiques sera le cocktail gagnant. 

L’autre surprise pourrait venir de la boxe. La fédération connaît une constante croissance de son nombre de licenciés. Elle a connu une grande augmentation après Rio 2016 et les jeunes Bennama et Oumiha pourront déclencher des passions. 

Elodie Clouvel porte, elle, les espoirs de la fédération de pentathlon moderne. Sa médaille d’argent en 2016 a engendré une augmentation de près de 20% du nombre de licenciés, record absolu.

Malheureusement, nous sommes moins positifs pour la fédération de basket-ball. La crise sanitaire et ses conséquences médiatiques sur les compétitions cumulées à la disparition progressive de la génération Parker semblent être deux grandes menaces. À noter, l’apparition pour la première fois du 3x3 qui pourrait, peut-être, rebattre les cartes.

Le judo, qui a connu une année noire en 2020, peut espérer rebondir positivement grâce à ses champions d’hier et d’aujourd’hui comme Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou mais aussi à ceux qui vont le devenir comme la dernière pépite Romane Dicko.

Les champions le savent, la médaille d’or est le saint graal et l’héritage laissé reste à vie.

«Quand j’ai entendu que j’avais attiré des licenciés puis ouvert la porte à d’autres nageurs, c’était une petite victoire, » exprime Laure Manaudou dans Le Parisien, le 02 juin 2021, 17 ans après Athènes 2004.

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#SoyonsSportifs #SoyonsActifs

Méthodologie : Etude de la variation du nombre de licenciés depuis l'an 2000 en s'appuyant sur les données en ligne de www.sports.gouv.fr